Paire de vases montés d’époque Louis XVI
Jean Baptiste Feuillet
France, vers 1773-1780.
Porphyre vert alstatique provenant des carrières de Giromagny, département du territoire de Belfort dans la région Bourgogne Franche-Comté, et montures en bronze ciselé et doré. Ces vases ont été dessinés et sculptés par Jean Baptiste Feuillet, ancien directeur de l’Académie de Saint Luc, ornés de bronzes attribués à Pierre Gouthière (1732-1813), ciseleur et doreur du roi.
H. 54 cm. L. 32 cm. P. 20 cm.
Provenance : collection de Jérome-Robert Millin du Perreux (1733-1794), financier et administrateur de la loterie royale de France.
Somptueux exemples du goût immodéré pour les objets montés en porphyre, granit, onyx, et autres pierres dures qui culmina en France sous Louis XVI, ces vases ont été dessinés et sculptés dans un bloc de « porphyre vert d’Alsace » par Jean-Baptiste Feuillet († en 1806), ancien directeur de l’Académie de Saint-Luc, pour le compte de Jérôme Robert Millin du Perreux (1733-1794), écuyer, ancien receveur général des finances de la généralité de Rouen et ancien administrateur de la loterie royale de France. Les deux hommes se connaissaient bien, liés au moins depuis 1773 par un « traité » « pour l’exploitation d’une manufacture de marbrerie » située à Giromagny dans le département du Territoire de Belfort, sur des terres appartenant à Louise-Jeanne de Durfort de Duras (1735-1781), duchesse de Mazarin, de Mayenne et de La Meilleraye, belle-fille d’un des plus grands collectionneurs du XVIIIe siècle, le duc d’Aumont (1709-1782). Au-delà de l’intérêt national pour les « porphyres verts d’Alsace » soulignant notamment le rôle prépondérant joué en France, dans les années 1765-1775, par l’administration des Menus-Plaisirs sous l’impulsion du duc d’Aumont, nos vases constituent également un formidable témoignage d’une collaboration fructueuse et avérée, révélée par Christian Baulez[1], entre un sculpteur et créateur de modèles, Jean-Baptiste Feuillet, et l’un des plus renommés ciseleurs et doreurs de son temps : Pierre Gouthière (1732-1813), nous permettant d’attribuer les montures de nos vases à ce dernier. Feuillet collabora à plusieurs reprises avec Gouthière, notamment par l’intermédiaire des plus grands architectes du moment : Claude-Nicolas Ledoux et François-Joseph Bélanger. Ces vases firent partie de la vente de la collection de Jérôme Robert Millin du Perreux à Paris, organisée « dans les ateliers de M. Feuillet, grande rue du fauxbourg Saint Martin » sous la direction de Jean-Baptiste-Pierre Lebrun, le 23 mars 1784, formant le lot n° 9 de la vente.
Jean-Baptiste-Pierre Lebrun (1748-1813), qui fut l’un des principaux marchands de tableaux de la fin du XVIIIe siècle, intitula cette vente : « Catalogue d’une collection précieuse de marbres d’Alsace, tels que porphyre, granit, serpentin, &c. / Composée de Vases de différentes formes, comme Coupes, Cuvettes & Fûts de colonnes, tant en grande que petite proportion, dont plusieurs montés en Bronze doré d’or mat, & d’autres prêts à être dorés, exécutés sur de beaux profils & modèles de M. Feuillet / Le tout provenant de M. Du Pereux / Par J. B. P. Le Brun. / La vente s’en fera le Mardi 23 Mars 1784, & jours suivans, à quatre heures de relevée, dans les ateliers de M. Feuillet, grande rue du fauxbourg Saint Martin, maison du sieur Martin, Vernisseur, où les Amateurs pourront voir les objets les deux jours qui précéderont la Vente, depuis 10 heures jusqu’à une heure ». Nos vases furent décrits sous le lot n° 9 de la vente : « Porphyre vert. / 9 / Deux Vases de Porphyre vert, montés à serpents, faisant les anses, à pommes de pin & rosaces sur le couvercle, le haut du corps du Vase est orné de moulures à listels & quart de rond, & le bas partagé par un quart de rond entre deux listels renfoncés, séparant le culot, aussi enrichi de feuilles d’eau en bronze, du corps du Vase. Hauteur 20 pouc. [54 cm.] Diametre 8 pouc. [21,64 cm.]».
Découvert vers 1765, les gisements de ce porphyre vert particulièrement convoités – appelé aussi granit vert ou cendré des Vosges ou encore serpentine verte des Vosges – furent exploités par des manufactures royales comme celle de Remiremont, Manufacture privilégiée du Roi, encouragées par l’administration des Menus-Plaisirs, cela dans le but de limiter les importations de pierres en provenance de l’étranger et de l’Italie en particulier. Des magasins ou des dépôts furent ouverts à Paris afin de présenter les pierres taillées dans « des formes les plus pures, puisées dans l’antique » destinées ensuite à être montées[2]
Jean-Baptiste Feuillet joua dans ce contexte un rôle important. Le 7 février 1774, alors directeur de l’Académie de Saint-Luc[3], il présenta à l’Académie d’Architecture « des échantillons de marbres durs, de différentes qualités, rencontrés dans des minières ouvertes à Giromagny près de Béfort [Belfort], dans la Haute-Alsace : lesquels échantillons étoient accompagnés d’un tarif et d’un mémoire instructif »[4]. Deux ans plus tard, il publiait un prospectus publicitaire de huit pages consacrées à sa « Nouvelles fabrique et magasins de colonnes, supports, dalles, vases et autres curiosités de Porphyre de France ». Ce document fut amplement relayé par les commentaires élogieux publié au cours de la même année 1776 par Jacques-François-Dieudonné Lebrun dans son Almanach Historique et raisonné des architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et ciseleurs : « Ouvrages de porphires, jaspes, granites, serpentines de diverses couleurs, dans l’attelier du Sieur Feuillet, Sculpteur, fauxbourg Saint Martin. Les études que le Sieur Feuillet a faittes, pour pouvoir donner à ces matières, malgré leur extrême dureté, l’élégance, le goût & la propreté dont elles sont susceptibles, l’ont mis en état d’exécuter des ouvrages de toutes les formes pour la décoration des édifices & des appartemens. Des correspondances en Alsace & en Allemagne, où sont les mines de matieres précieuses, & des procédés moins coûteux dans l’art de les polir, permettent à cet Artiste de livrer tous les ouvrages qu’on lui fera exécuter, sur tels dessins qu’on voudra, à un prix beaucoup moins considérable qu’autrefois. Nous devons des éloges au Sieur Feuillet de ce qu’il apporte le plus grand soin à travailler ces matieres précieuses, & à leur donner, comme autrefois les Grecs & les Egyptiens , les formes & telles proportions qu’on peut désirer : car il est en état de fournir des piéces proportionnées & d’un seul bloc [à l’image de nos vases !], depuis un pied de long jusqu’à quarante. Nous invitons les Curieux & les Amateurs à aller voir des ouvrages faits dans son atelier, & ils seront sans doute convaincus de la vérité de notre annonce »[5].
Sculpteur-marbrier, Jean-Baptiste Feuillet non seulement dessinait et sculptait ses propres modèles, mais il modelait également des modèles en cire pour des montures de bronze destinées à l’évidence à sa propre production, mais aussi à celles entrant dans le cadre de collaborations avec de grands architectes tels que Ledoux ou Bélanger. Il collabora pour ce faire, et à plusieurs reprises, avec Pierre Gouthière. Feuillet exécuta par exemple le modèle des bronzes en cire, destinés à Gouthière, pour une cheminée dessinée par Ledoux pour l’hôtel de la fameuse chanteuse d’opéra Marie-Madeleine Guimard (1743-1816), à la Chaussée d’Antin[6]. Il intervint également pour le compte de la comtesse Du Barry (1743-1793) en exécutant, avec le sculpteur Joseph Métivier, les modèles des décors de bronze composés de guirlandes de fleurs avec chutes sur les arrière-corps des socles cannelés destinés à supporter les quatre grandes torchères d’Augustin Pajou, de Félix Lecomte et de Martin-Claude Monnot, commandées pour la salle à manger du château de Louveciennes. Là aussi, Gouthière avait été chargé d’exécuter en bronze doré les modèles d’ornements de ces socles fournis par Feuillet et Métivier, mais il ne put mener à bien ce travail, en raison de la mort tragique de la comtesse en 1793[7]. Parmi les nombreux modèles de Feuillet de la collection Du Perreux vendue le 23 mars 1784, figura un imposant « monument antique » composé d’un « vase de porphyre rouge […] enrichi de quatre têtes de satyres », « porté sur un pied de forme d’autel, de granit noir & blanc », « accompagné de deux Bacchantes, de 12 pouces de proportion, attachant des guirlandes aux cornes de Satyres »[8]. Ce modèle connut un succès certain et fut réédité à plusieurs reprise dont un en ivoire et bronzes qui figura dans les collections de Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699-1777), la célèbre « Madame Geoffrin » qui tint l’un des plus renommés « salons » de Paris. Elle décrivit dans l’un de ses carnets : ce « petit monument antique d’ivoire, de marbre et de bronze doré fait par Gouthière, 600 livres »[9]. Feuillet exécuta également le modèle des ornements en bronze doré de nos vases, comme il le fit pour tous ses vases et objets montés qui figurèrent dans la vente Du Perreux du 23 mars 1784 : « plusieurs montés en Bronze doré d’or mat, & d’autres prêts à être dorés, exécutés sur de beaux profils & modèles de M. Feuillet ». Sa collaboration avérée avec Gouthière nous permettent de penser qu’il s’adressa naturellement à ce dernier pour la réalisation de ces bronzes, une attribution ici amplement confortée par la qualité et l’extrême précision du rendu des serpents entrelacés formant les anses de nos vases, sans oublier la terrasse feuillagée alternant larges feuilles d’acanthes et feuilles festonnées rehaussant leur ‘couvercle’ ponctué d’un bouton en forme de pomme de pin, et la corolle feuillagée de bronze ornant leur panse.
Feuillet amorça sa carrière en 1750 en qualité d’apprenti chez Jacques-François Martin (maître en 1732). Il fut reçu maître en 1760, et se maria une première fois l’année suivante, puis une seconde fois, cinq plus tard, avec la fille du sculpteur Dominique Pineau (1718-1786). Etabli d’abord rue Poissonnière, dans des locaux loués à Louis Trouard (1700-1763), marbrier des Bâtiments du Roi, il s’installa en 1772 rue du Faubourg Saint-Martin, paroisse Saint-Laurent, locataire d’un immeuble appartenant à Jean-Alexandre Martin (1743 – après 1795), un des peintres vernisseurs du Roi, où il voisina peu de temps après avec le sculpteur-fondeur Pierre-Philippe Thomire (1751-1843)[10].
Le succès et la renommée de Feuillet sont incontestablement liés à l’exploitation des mines et carrières de Giromagny, qui appartenaient à la duchesse de Mazarin, et qu’il put exploiter en créant autour de ce gisement une première société en 1765[11], puis grâce à une concession accordée le 25 mars 1773 par la duchesse à une union de créanciers dirigée par Jérôme Robert Millin du Perreux, associé à un certain Antoine-Henri Patu des Hautschamps[12]. Il en présenta, nous l’avons vu, des échantillons à l’Académie d’Architecture, le 7 février 1774, année au cours de laquelle il exerçait de surcroît la direction de l’Académie de Saint-Luc. Le 11 décembre 1775, Feuillet signa un ‘traité’ sous seing-privé avec Millin du Perreux et l’union des créanciers susmentionnée « pour l’exploitation d’une manufacture de marbrerie en Alsace, led. Feuillet étant chargé de ‘fournir tous dessins, plans, etc relatifs avec différents ouvrages qu’il serait nécessaire de faire exécuter dans ‘lad. manufacture »[13].
L’entrepôt de ces précieux porphyres et granits se trouvait chez lui à Paris où il prenait soin « de les orner et décorer ». Lebrun insiste en 1776 sur la capacité de Feuillet à réaliser avec « le plus grand soin » « ces matieres précieuses » en insistant sur ses études pour les réaliser et ses dessins pouvant être exécuter et adapter aux desiderata de ses clients. Parmi ces derniers figurèrent, nous l’avons vu, les architectes Claude-Nicolas Ledoux, avec lequel sa collaboration est attestée dès 1773, François-Joseph Bélanger pour lequel il intervint dès 1772, œuvrant ainsi, par leur intermédiaire, pour la plus prestigieuse clientèle du temps. Il eut également parmi ses clients les architectes Jacques Cellerier (1743-1814) et François-Victor Perard de Montreuil[14].
A ses talents de sculpteurs et de créateurs de modèles, Feuillet ajouta également les activités d’experts et de marchands, acquérant des œuvres au cours de grandes ventes aux enchères, ou vendant les siennes. Il ouvrit pour ce faire un bureau rue du Coq, près de la rue Saint-Honoré, haut lieu du commerce de luxe à Paris, un lieu qu’il conserva jusqu’en 1784.
Cette année 1784 marqua un tournant dans la vie et la carrière de Feuillet. Trois ans plus tôt, il fut victime de la résiliation du traité conclu entre la duchesse de Mazarin, Antoine-Henri Patu des Hautschamps et Jérôme-Robert Millin du Perreux qui, par acte du 19 février 1781 et suivant, soit moins d’un mois avant le décès de la duchesse[15], accordait désormais la concession des mines de Rosemont [Giromagny] en Alsace à Pierre Maneglier, bourgeois de Paris, demeurant rue Neuve-des-Petits-Champs, paroisse Saint-Eustache, sous le cautionnement desdits sieur Millin du Perreux et Patu des Hautschamps »[16]. Cette décision fut sans doute provoquée, si l’on s’en réfère aux commentaires du baron de Dietrich, par le fait que l’union des créanciers de Millin du Perreux, « ayant consommé la plus grande partie de ses fonds dans l’établissement d’un moulin à polir le porphyre et le granit, fut obligée d’abandonner des travaux que M. Broelmann, pour lors directeur, avoit remis en bon train ; on poursuivoit à-la-fois neuf galeries pour mettre les anciens travaux à sec. Cet abandon, fait dans le moment où les mines donnoient le plus d’espoir, permit à M. le duc de Valentinois, aujourd’hui au droit de la maison de Mazarin, de se mettre en possession de tous les bâtiments construits par cette compagnie ; une des clauses de la concession ayant expressément portée que les bâtimens retourneroient au seigneur, dans le cas où les concessionnaires abandonneroient l’exploitation »[17].
Ce revers de fortune incita Jérôme-Robert Millin du Perreux à vendre, le 23 mars 1784, « dans les ateliers de M. Feuillet, grande rue du fauxbourg Saint Martin », sa précieuse collection de marbres d’Alsace, incluant nos vases, le tout catalogué par Le Brun, et le 6 avril de la même année, Jean-Baptiste Feuillet fut à son tour contraint de vendre tout son fond d’atelier : « Catalogue d’une belle collection de marbres, tels que statues, bustes, vases, cuves & autres objets en marbre blanc, vases de pierre de Conflans, de Tonnerre, sphinx et autres, grouppes en plâtre, figures & bas-reliefs, bustes, nombre de parties moulées sur nature, d’ustensiles, tels qu’établis, valets, selles de différentes especes, caisses & autres, ciseaux, râpes, trépans, masses, spatules, vilbrequins & autres outils propres à la scultpure, le tout provenant de M. Feuillet ». Le Brun, dans sa préface de la vente du 23 mars, regretta amèrement la dissolution de l’entreprise : « Animés du même esprit que les Grecs & les Romains, comme eux avides de gloire, & jaloux de forcer la postérité à s’entretenir de nos triomphes, de nos travaux & de nos arts, nous aurions protéger une telle entreprise, nous aurions secondés les efforts de ceux qui la dirigeoient, et nous n’aurions pas souffert que l’Etranger pût ou nous la ravir, ou nous reprocher de l’avoir abandonnée. C’est dans ce moment-ci surtout que nous devons regretter sa dissolution […] Nous espérons que les Curieux jaloux de comparer la matière antique avec celle que l’on appelle la moderne, ne laisseront pas échapper une occasion comme celle-ci ; occasion d’autant plus favorable que l’on entrevoit avec peine qu’elle ne se retrouvera de longtemps »[18].
Après la fermeture de ses entrepôts et magasins, Feuillet quitta Paris et s’installa à Versailles où il exerça désormais la charge d’huissier de la Chambre du comte d’Artois et du duc de Berry. Au moment de la Révolution, il se retira définitivement à Provins[19].
Le second personnage en relation avec nos vases, fut celui qui les posséda : Jérôme Robert Millin, « seigneur du Perreux, la Queue de Brie, etc. ». Né le 7 février 1733 à Nevers, dans le département de la Nièvre, Millin Du Perreux était le fils de Robert Millin, « écuyer, secrétaire du roi, maison et couronne de France, et receveur général des domaines du duc d’Orléans ». Il exerça la charge de receveur général des finances de la généralité de Rouen, et devint administrateur de la loterie royale de France. Il demeura à Paris, rue Vivienne, paroisse Saint-Eustache. Il avait épousé en 1763 Sophie Le grand, et le couple se fit portraiturer au moins à deux reprise par Louis Carrogis (1717-1806), dit Carmontel : un portrait de Monsieur et Madame Millin du Perreux, aquarelle, gouache, mine de plomb et sanguine sur papier, daté peu de temps après leur mariage, est aujourd’hui conservé au château de Chantilly, dans les collection du musée Condé[20], et un second plus tardif, montrant Madame Millin du Perreux allongée sur un canapé et lisant une partition, accompagnée de son premier fils, se tenant à ses pieds debout sur le siège, avec au-dessus d’eux, le portrait de Monsieur du Perreux, legs de Muriel Butkin au Cleveland Museum of Art, à Cleveland[21]. Le couple eut deux fils : Alexandre-Louis-Robert (1764-1843), qui reprit la charge d’administrateur de la loterie royale de son père, et devint artiste peintre, et Georges-Marie-Jérôme (1766-1852) qui occupait, le 2 juillet 1815, la charge d’inspecteur aux revues, devint intendant militaire, puis député du Bas-Rhin. Chevalier de Saint-Louis, il fut créé baron héréditaire par lettres-patentes du 10 juin 1828. Il avait épousé Louise-Dorothée Stauch en 1795, et s’éteignit à Strasbourg le 3 février 1852[22].
Jérôme Robert Millin du Perreux fut également, nous l’avons vu, un financier qui s’intéressa à plus d’un titre aux carrières d’exploitation de « pierres précieuses » en Alsace. Il avait également investi dans une « manufacture de papier établie à Essonne, sur la rivière d’Etampes », parts qu’il revendit le 14 avril 1783[23].
Il devint le propriétaire du château portant son nom, à Nogent-sur-Marne, un domaine acquis en 1760 par son père, Robert Millin, qui l’avait entièrement fait reconstruire l’année suivante, en faisant appel à l’un des architectes les plus novateurs de son temps : Etienne-Louis Boullée (1728-1799). Ce château et ses dépendances a malheureusement été détruits en 1910, à l’exception d’une aile des communs, détruite à son tour en 1930, et de son avant-corps sud qui subsiste aujourd’hui. Son parc avait déjà commencé à être loti à partir de 1857.
La Révolution fut fatale à Jérôme Robert Millin du Perreux. Il compta en effet parmi les innombrables victimes de Fouquier-Tinville. Accusé par le Comité de surveillance nogentais d’avoir traité de « Brigands » les Sans-culottes, au soir du 10 août 1792, il fut jugé, puis exécuté le 13 prairial an II (1er juin 1794), alors que son propre fils, Alexandre Millin, lieutenant général, se battait pour les armées de la République. Ce dernier et son frère se firent restituer le domaine du château Du Perreux en triste état sous le Directoire, et ne tardèrent pas à le revendre.